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Vigan, Delphine de
JC Lattès
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Tokarczuk, Olga
Les éditions Noir sur Blanc

Prix Nobel de Littérature 2018

Hérétique, schismatique, Juif converti à l islam puis au christianisme, libertin, hors-la-loi, tour à tour misérable et richissime, vertueux et abominable, Jakób Frank a traversé l Europe des Lumières comme la mèche allumée d un baril de poudre. De là à se prendre pour le Messie, il n y avait qu un pas et il le franchit allègrement. Le dessein de cet homme était pourtant des plus simples : il voulait que ceux de son peuple puissent, eux aussi, connaître la sécurité et le respect d autrui. Il voulait l égalité. La vie de ce personnage historique, qui fut considéré comme le Luther du monde juif, est tellement stupéfiante qu elle semble imaginaire. Un critique polonais, saluant la réussite absolue de ce roman de mille pages, dit qu il a fallu à Olga Tokarczuk une « folie méthodique » pour l écrire. On y retrouve les tragédies du temps, les guerres, les pogroms et la ségrégation, mais on y goûte aussi les merveilles de la vie quotidienne : les marchés, les cuisines, les petits métiers, les routes incertaines et les champs où l on peine, l étude des mystères et des textes sacrés, les histoires qu on raconte aux petits enfants, les mariages où l on danse, les rires et les premiers baisers. Ainsi que le dit le père Chmielowski, l autre grand personnage de ce roman, auteur naïf et admirable de la première encyclopédie polonaise, la littérature est une forme de savoir, elle est « la perfection des formes imprécises ».   Au milieu du XVIIIe siècle, dans le royaume de Pologne et bientôt à travers toute l Europe des Lumières, le singulier destin de Jakób Frank : mystique, habile politique, débauché, chef religieux ou charlatan, il fut pour les uns le Messie de la tradition juive, pour les autres un hérétique, ou pire, un traître. Pour conserver à son héros toute son ambiguïté, sa complexité et la polysémie de son apparition, la romancière a choisi de ne le montrer qu à travers les yeux et les propos d une foule de personnages de tout milieu et de toute condition. Cette épopée universelle sur l appartenance, l émancipation, la culture et le désir, est une réussite absolue : elle illustre la lutte contre l oppression, en particulier des femmes et des étrangers, mais aussi contre la pensée figée, qu elle soit religieuse ou philosophique.

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De Vigan, Delphine
JC Lattès, 205 pgs.

«  Chacun de nous abrite-t-il quelque chose d'innommable susceptible de se révéler un jour, comme une encre sale, antipathique, se révelerait sous la chaleur de la flamme ? Chacun de nous dissimule-t-il en lui-même ce démon silencieux capable de mener, pendant des années, une existence de dupe ?"

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Tokarczuk, Olga
Noir sur Blanc, 381 pgs.

Prix Nobel de Littérature 2018

« Alors, remue-toi, balance-toi, cours, file ! Si t’oublies ça, si tu t’arrêtes, il va t’attraper avec ses grosses pattes velues et faire de toi une marionnette. Il t’empestera de son haleine qui sent la fumée, les gaz d’échappement et les décharges de la ville. Il va transformer ton âme multicolore en une petite âme toute raplapla, découpée dans du papier journal. » La clocharde du métro de Moscou qui parle ici appartient aux Bieguny (les marcheurs ou pérégrins), une secte de l’ancienne Russie, pour qui le fait de rester au même endroit rendait l’homme plus vulnérable aux attaques du Mal, tandis qu’un déplacement incessant le mettait sur la voie du Salut.

En une myriade de textes courts, Les Pérégrins, sans doute le meilleur livre d’Olga Tokarczuk, compose un panorama coloré du nomadisme moderne. Routards, mères de famille en rupture de ban, conducteur de ferry qui met enfin le cap sur le grand large : qu’ils soient fuyards ou conquérants, les personnages sont aux prises avec leur liberté, mais aussi avec le temps. Et ce sont les traces de notre lutte avec le temps que relève l’auteur aux quatre coins du monde : depuis les figures de cire des musées d’anatomie jusqu’aux méandres de l’Internet, en passant par les cartes et plans.

À travers les lieux et les non-lieux de ses voyages, Olga Tokarczuk a rassemblé des histoires, des images et des situations qui nous éclairent sur un monde à la fois connu et absolument mystérieux, mouvant réseau de flux et de correspondances... Sans jamais nous laisser oublier que « le but des pérégrinations est d’aller à la rencontre d’un autre pérégrin ».

 

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Van Cauwelaert, Didier
Albin Michel
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Tuil, Karine
Gallimard, 525 pgs.
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Vuillard, Éric Actes Sud, 150 pgs. Prix Goncourt 2017 Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d'épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces, et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l'Assemblée ; mais bientôt, il n'y aura plus d'Assemblée, il n'y aura plus de président, et, dans quelques années, il n'y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants. Eric Vuillard
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Toussaint, Jean-Philippe
Les Éditions de Minuit, 106 pgs.
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Toussaint, Jean-Philippe
Les editions de Minuit

Marie s’appelait de Montalte, Marie de Montalte, Marie Madeleine Marguerite de Montalte. Marie, c’était son prénom, Marguerite, celui de sa grand-mère, de Montalte, le nom de son père (et Madeleine, je ne sais pas, elle ne l’avait pas volé, personne n’avait comme elle un tel talent lacrymal, ce don inné des larmes). Lorsque je l’ai connue, elle se faisait appeler Marie de Montalte, parfois seulement Montalte, sans la particule, ses amis et collaborateurs la surnommaient Mamo, que j’avais transformé en MoMA au moment de ses premières expositions d’art contemporain. Puis, j’avais laissé tomber MoMA, pour Marie, tout simplement Marie (tout ça pour ça).

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Schmitt, Éric-Emmanuel Bok+CD-skiva Albin Michel, 14x20 cm.
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Thúy, Kim
Liana Lévi, 143 pgs.
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Valognes,Aurélie
Mazarine,334 pgs.

Depuis son radiateur au fond de la classe, ce jeune rêveur observe les oiseaux dans la cour, ou scrute les aiguilles de la pendule qui prennent un malin plaisir à ralentir. Le garçon aimerait rapporter des bonnes notes à sa mère, malheureusement ce sont surtout les convocations du directeur qu’il collectionne.

Pourtant, Gustave est travailleur. Il passe plus de temps sur ses devoirs que la plupart de ses camarades, mais contrairement à eux ou à Joséphine, sa grande sœur pimbêche et première de classe, les leçons ne rentrent pas. Pire, certains professeurs commencent à le prendre en grippe et à le croire fainéant.

À force d’entendre qu’il est un cancre, Gustave finit par s’en convaincre, sans imaginer qu’une rencontre peut changer le cours des choses.

Parfois, il suffit d’un rien pour qu’une vie bascule du bon côté…


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Vinau, Thomas
Alma, 107 pgs.
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Toussaint, Jean-Philippe
Les Éditions de Minuit, 169 pgs.
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Taubira, Christiane
Plon, 310 pgs.

La nuit, chacun la voit, la vit, la sent, l'apprivoise à sa manière. De celle de Guyane, trouée d'un faible lampadaire sous la lueur duquel, enfant, à la faveur de la moiteur et du silence, elle allait lire en cachette, à celle qui lui permettait de régler ses comptes avec les péchés capitaux que les religieuses lui faisaient réciter dans la journée, la nuit a souvent été, pour Christiane Taubira, une complice, une alliée, une sorte de soeur intime, un moment particulier.
C'est la nuit des chansons qu'on adore et dévore, la nuit du sommeil qui refuse qu'on annonce la mort d'une mère, la nuit des études passionnées et des yeuxen feu à force de scruter les auteurs sacrés, la nuit qui ouvre sur les petits matins des métros bougons et racistes. C'est aussi la nuit des militantismes, de la Guyane qui se révolte, des combats furieux à l'Assemblée autour du mariage pour tous - un cathéter au bras et le courage en bandouillère. C'est enfin la nuit d'un tragique vendredi 13, bientôt suivie de celle où l'on décide d'un adieu.
Ces nuits des espoirs, des questions, des inquiétudes parfois, des colères aussi sont un roman du vrai. Un récit littéraire où l'auteur montre que la vie est souvent plus forte, inventive, poétique, envoûtante, dure, terrible que bien des fictions.


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Thilliez, Franck Fleuve Editions, 2015 - 645 pgs.
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Schmitt, Eric- Emmanuel
Albin Michel, 563 pgs
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Salvayre, Lydie Seuil, 278 pgs. Prix Goncourt 2014
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Schmitt, Eric-Emmanuel Albin Michel
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Slimani, Leïla
368 pgs, Gallimad

1968 : à force de ténacité, Amine a fait de son domaine aride une entreprise florissante. Il appartient désormais à une nouvelle bourgeoisie qui prospère, fait la fête et croit en des lendemains heureux. Mais le Maroc indépendant peine à fonder son identité nouvelle, déchiré entre les archaïsmes et les tentations illusoires de la modernité occidentale, entre l'obsession de l'image et les plaies de la honte. C'est dans cette période trouble, entre hédonisme et répression, qu'une nouvelle génération va devoir faire des choix. Regardez-nous danser poursuit et enrichit une fresque familiale vibrante d'émotions, incarnée dans des figures inoubliables.
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Vigan, Delphine de
Prix France Télévisions et Prix Renaudot des lycéens
JC Lattès, 436 pgs.
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Kim Thúy
Liana Levi, 143 pgs.
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Tokarczuk, Olga
Libretto, 281 pgs.

Prix Nobel de Littérature 2018

Janina Doucheyko, ingénieure en retraite, enseigne l'anglais dans une petite école et s'occupe, hors saison, des résidences secondaires de son hameau au c ur des Sudètes. Elle se passionne pour l'astrologie et pour l' uvre de William Blake, dont elle essaie d'appliquer les idées à la réalité contemporaine. Aussi, lorsqu'une série de meurtres étranges frappe son village et les environs, y voit-elle le juste châtiment d'une population méchante et insatiable. La police enquête. Règlement de comptes entre demi-mafieux dus aux trafics frontaliers avec la Tchéquie ? Les victimes avaient toutes pour la chasse une passion dévorante. Quand Janina Doucheyko s'efforce d'exposer sa théorie dans laquelle entrent la course des astres, les vieilles légendes et son amour inconditionnel de la nature, tout le monde la prend pour une folle. Mais bientôt, les traces retrouvées sur les lieux des crimes laisseront penser que les meurtriers pourraient être des animaux !

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Sorokine, Vladimir
Actes Sud - 350 pgs.

Avec Tellurie, roman dystopique, Vladimir Sorokine, au sens propre du mot, anticipe... pour décrire de façon époustouflante, complètement déjantée, un futur annoncé, alors que le pouvoir actuel en Russie fait de la construction d'un empire eurasiatique centralisé sa doxa.

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Vargas, Fred
Flammarion, 489 pgs.
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